La Route des Grandes Alpes est un véritable monument de l'itinérance cyclotouristique. Elle commence à Thonon-les-Bains, sur les bords du Lac Léman, et arrive à Nice, sur les bords de la Mer Méditerranée. Elle parcourt ainsi l'intégralité des Alpes françaises. Son itinéraire "officiel" (en bleu ci-contre) fait 720 kilomètres, est ponctué de 17 cols parmi les plus hauts d'Europe pour 16000 m de dénivelés positifs !
Pour ma part, je vais parcourir l'itinéraire "officiel" en incluant une variante, celle empruntant le Col de la Bonnette et la Route la Plus Haute d'Europe.
Voici mon itinéraire :
La trace de ma Route des Grandes Alpes 2014 sur Google Earth
Le profil de ma Route des Grandes Alpes 2014
- Distance totale : 696 km au GPS
- 8 jours de vélo
- Moyenne journalière : 87 km
- Dénivelé positif : 15530 m au GPS
- Logement : 1 chapelle, 1 bivouac, 1 camping, 1 "chez l'habitant", 3 auberges / hôtels
- Matériel : Vélo de randonnée Fahrradmanufaktur T500 "amélioré" (Voir Rubrique Matériel Vélo) avec 2 sacoches arrière (Matériel de bivouac) et 1 sacoche de guidon.
Je ne sais pas comment je vais réagir physiquement à l'enchaînement des cols ... n'ayant jamais gravi de cols à vélo dans le passé ! Je me suis simplement "entrainé" ces derniers mois (en délaissant un peu la course à pied) en prenant le vélo dès que possible en allant au boulot par exemple et en faisant le Tour de Bourgogne en famille.
12 juillet 2014 : Thonon-les-Bains - Col de la Colombière
78,8 km, +1900 m, -860 m
La trace de l'étape sur Google Earth
Le profil du Col de la Colombière depuis Cluses
Je pars de Thonon sous un temps mitigé mais non pluvieux. Après un pique-nique et la traditionnelle photo de départ devant le Lac Léman, je commence à pédaler vers 13h en direction du premier col, le Col des Gets. La route, qui suit les gorges de la Dranse, est un faux plat montant. Jamais je ne passerai le petit plateau. La route est large et les voitures sont nombreuses en ce début de week-end. La rivière, La Dranse de Morzine, est large et bouillonnante. Je passe les Gorges du Pont du Diable, Saint Jean d'Aulps, la bifurcation vers Morzine-Avoriaz et arrive aux Gets. Après un petit encas, la pluie se met à tomber. Je fais toute la descente prudemment vers Taninges, puis remonte un peu, avant de descendre définitivement vers Cluses. Les choses sérieuses commencent ici avec le premier vrai col de cette Route des Grandes Alpes, le Col de la Colombière. Il pleut toujours. Je fais le col en deux fois. Je m'arrête une première fois au Reposoir. Ça commence à vraiment tirer dans les jambes avec des parties à 9 %, petit plateau et grand pignon. Je prends de l'eau au club des sports du Reposoir et compte bien finir le Col aujourd'hui. La pluie redouble et la deuxième partie du col est vraiment dure avec des parties à 10 et 11 % sans repos. Je me rends compte ici ce qu'est un vrai col des Alpes ... ça ne va pas être simple. J'arrive au sommet dans le brouillard, cherche un endroit où mettre la tente devant une chapelle. Au cas où, j'essaie d'ouvrir la porte. C'est ouvert ! Je m'assure auprès du resto du col que je peux y dormir : "Oui oui ! c'est fait pour les voyageurs errants comme vous !!!". Je m'y installe, trempé.
13 juillet 2014 : Col de la Colombière - Les Saisies
53,9 km, +1350 m, -1470 m
La trace de l'étape sur Google Earth
Le profil du Col des Aravis depuis Thône
Le profil du Col des Saisies depuis Flumet
J'aurais retardé le plus possible l'habillage, mais à un moment, il faut bien enfiler les vêtement trempés de la veille pour repartir ! Ça caille dans la descente vers le Chinaillon et Le Grand Bornand !!! La route, dans le brouillard, est trempée. Après un pain au chocolat, j'arrive à Saint Jean de Sixt. J'ai la bonne surprise de voir que la montée vers le Col des Aravis commence ici (et non de Thône comme je l'avais sur mon petit profil du col ... c'est donc plus court que ce que je pensais !). J'enlève la parka et je grimpe. C'est plus facile qu'hier, et sans la pluie. Je passe à La Clusaz, célèbre station de Haute Savoie et entame la fin du col. C'est très sympa, dans les alpages, avec vue sur les lacets qui montent. Il y a, aujourd'hui dimanche, de nombreux cyclos. Ils me doublent mais ils sont moins chargés ! ... et ce sont de vrais cyclos, eux ! Après un encas au col, je redescends vers Flumet dans le froid. J'entame ensuite la montée du Col des Saisies que je connais parfaitement ... en voiture. Petite pause à Notre Dame de Bellecombe et c'est reparti. Il y a ici beaucoup de cyclos anglais et ça bavarde en montant. Je croise ensuite au bord de la route un couple et un enfant de 10 mois et demi avec une chariote Corsaire 2 places. Là, je dis chapeau ! Je ne me voyais pas hier dans l'ascension du Col de la Colombière avec la remorque aux fesses. Ils sont partis depuis 3 jours et font bien le même trajet que moi. Bravo ! Nous discutons et je leur parle d'Antoine, d'Elodie et de notre projet de la traversée de la Suisse le mois prochain. Ça me booste pour la fin du Col des Saisies.
14 juillet 2014 : Les Saisies - Val d'Isère
89,5 km, +2350 m, -2180 m
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Le profil du Cormet de Roselend depuis Beaufort
Le profil du Col de l'Iseran depuis Bourg-Saint-Maurice
Départ des Saisies vers 9h15 sous un temps toujours mitigé. La descente vers Beaufort est rapide, je connais parfaitement la route. Au pied de la montée du Cormet de Roselend, j'enlève parka, polaire, pantalon de pluie et gants pour attaquer le col. Je double le couple avec la chariote rencontré hier. La papa met pied à terre devant moi. Ça a l'air dur dur pour lui ... et je le comprends. Nous sommes ici dans des pentes de 7 à 8 %. La première partie se fait dans la forêt avant d'arriver au Lac de Roselend. Deux, trois kilomètres de replat, une pause et c'est reparti pour la dernière portion. Malgré le panorama bouché, je devine Les Grandes Aiguilles, la Crête des Gittes et le col de Sauze traversé lors de mon dernier Tour du Beaufortain. Je déjeune au sommet la salade de riz préparé la veille aux Saisies. Je rencontre deux américains qui font le GR5. Nous parlons du Pacific Crest Trail et du John Muir Trail qu'ils ont parcourus. Pour eux, il n'y a rien de plus beau ... bah si !!! Le Gr5 quand il fait beau ! Je descends rapidement à Bourg Saint Maurice sur une route (à peu près) sèche. Le contraste de température est saisissant. Je monte ensuite sur Val d'Isère. La montée est longue ; pas très raide mais longue et le Cormet de Roselend est encore dans les pattes. Après le barrage de Tignes et de nombreux tunnels (j'allume mes super phares), je décide de trouver un hôtel. Il est déjà 17h00, il ne fait pas chaud et les nuages sont encore bien présents. La dame de "l'accueil moto" au centre du village me trouve quelque chose juste derrière. Repos bien mérité dans la chambre avec pizza, yaourt et fruits ... de quoi se requinquer.
15 juillet 2014 : Val d'Isère - Plan Lachat (dans le Col du Galibier)
117,8 km, +2460 m, -2320 m
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Le profil du Col de l'Iseran depuis Bourg-Saint-Maurice
Le profil du Col du Télégraphe et du Col du Galibier depuis Saint-Michel-de-Maurienne
Je pars de Val d'Isère sous le grand beau temps. Ah ! Ca fait du bien ! Devant moi, le Col de l'Iseran. Enfin c'est la Haute Montagne ! Au détour d'un virage, je me fais prendre en photo par une personne en balade en voiture. Le col n'est pas très dur, ça passe facile en cette matinée, tranquile, à mon rythme, en moulinant. En haut, ce sont les premiers névés du voyage. Pause pain aux raisins piqué à l'hôtel en partant et photos du paysage. La descente est rapide jusqu'à Bonneval-sur-Arc. C'est ensuite un long faux plat descendant (sans compter la petite montée vers le Col de la Madelaine) jusqu'à Saint-Michel-de-Maurienne. Le problème, c'est qu'il y a un fort vent de face ! Faut pédaler quand même ! C'est plus dur et plus long que ce que je pensais ... Pique-nique à Modane. De grosses chaleurs m'attendent au pied du Col du Télégraphe. Les pentes sont de 7 à 8 % dans la fôret. Je m'octroie 45 minutes de pause sur la place de l'église de Valoire (Bananes, oranges ... je ne fais que manger à chaque occasion maintenant ... le vélo, ça creuse !). J'entame le Col du Galibier avec comme objectif un beau bivouac pour ce soir. Au fur et à mesure de la montée, je repère sur ma carte un bel endroit "théorique" (sans trop de lignes de niveau et dans une épingle) pour le bivouac. Bingo ! Quand j'arrive au plan Lachat, l'endroit est parfait ! Il fait bon et je profite. Un berger rentre son grand troupeau de moutons. Lyophilisés et dodo.
16 juillet 2014 : Plan Lachat (dans le Col du Galibier) - Vars (Sainte-Marie)
109,9 km, +2500 m, -2820 m
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Le profil du Col du Télégraphe et du Col du Galibier depuis Saint-Michel-de-Maurienne
Le profil du Col de l'Isoard depuis Briançon
Le profil du Col de Vars depuis Guillestre
Grand beau temps encore ce matin. J'ai droit au lever du soleil sur les pentes du Galibier. De ma tente, je vois la route à empreinter. Ça grimpe ! Dans les lacets, je passe quelques campeurs en voiture dont un me crie : "Bravo ! Je t'ai vu dans le col du Télégraphe hier" ! Ensuite, place à la Haute Montagne. A 1 km du sommet, il y a un tunnel qui permet aux voitures et aux motos de schinter le col. Mais moi, je suis un cyclo ! Je trouve la pente du dernier kilomètre énorme, mais ce n'est que du 9 % ... en moyenne. Au sommet, vue sur le Mont Blanc au loin et le Massif des Ecrins juste là, devant moi, avec la Meije notamment. Je redescends vers Briançon où je compte bien manger (encore). J'ai déjà en tête l'Isoard qui m'attend. Je me fais un plat de pâtes au resto. J'attaque ensuite le Col de l'Isoard vers 13h. Après le Col de la Colombière, je trouve que c'est le plus dur. En dessous de 2000 m d'altitude, j'ai déjà un parfum du sud qui me monte aux narines (Pins, mélèzes ...). Il y a de nombreuses fleurs très colorées ... et de nombreux lacets dont les pentes sont plus ou moins raides (surtout à l'intérieur des virages ... cela dépend où l'on passe, les cyclos comprendront). Au fur et à mesure de la montée, il y a de plus en plus de camping cars sur le bas-côté. Je réalise que ces gens sont déjà là pour le passage du Tour de France qui ne passe cependant que le 18 juillet ! De leurs chaises pliantes, ils m'envoient des encouragements ! Je les entends aussi discuter sur quel est le meilleur emplacement pour s'installer et voir les coureurs. Au sommet, vues magnifiques sur le Massif des Ecrins notamment. La descente est grandiose en passant par la célèbre "Casse déserte" et ses paysages lunaires. La route est longue pour Guillestre dans la Combe du Queyras. J'ai un gros coup de fatigue en arrivant au village. J'hésite à rester dormir ici. Finalement, je prends une heure de pause en mangeant bien (1/2 litre de coca, 2 mars, 1 banane, 1 orange) et je repars. J'entame le Col de Vars ! Le temps étant menaçant, la fatigue aidant, je m'arrête à Vars (Sainte-Marie) dans une auberge sur la place du village. Très sympa ! Et super diner !
17 juillet 2014 : Vars (Sainte-Marie) - Valdeblore (Saint Dalmas)
125,6 km, +2720 m, -3130 m
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Le profil du Col de Vars depuis Guillestre
Le profil du Col de la Bonnette depuis Jausiers
Le profil du Col Saint-Martin depuis la D2205
Je finis ce matin le Col de Vars commencé hier. Les couleurs sont magnifiques, la matinée calme et le décor superbe. Avec ses "seulement" 2100 m, les paysages sont ici entre les premiers cols savoyards dans les alpages et les hauts cols alpins. Le soleil de ce matin ne gâche rien. La descente est fraîche et raide. J'ai déjà en tête le point d'orgue de ce voyage : le Col de la Bonnette. Après avoir suivi l'Ubaye dans la vallée, j'arrive à Jausiers au pied de "La plus Haute route d'Europe 2802 m". Un gel et une banane plus tard, me voilà dans la montée. C'est long, raide mais avec quelques portions qui permettent de se refaire. L'altitude n'arrange rien. Par contre, j'ai là ce que je suis venu chercher. L'effort, la Haute Montagne, des paysages lunaires au sommet et même un calme relatif (il n'y a pas tant de monde que cela en cette mi-juillet). Au col, je ne comprends pas tout de suite. La route continue et je vois "Nice par la Cîme de la Bonnette" ?! Ah d'accord, la route (pour être qualifiée de "plus Haute d'Europe" sans doute ?) fait le tour de la Cîme de la bonnette pour arriver à 2802 m. Entre le col et la cîme, je trouve ici les pourcentages les plus élevés ... et de loin (et ce n'est pas mentionné sur mon profil !). C'est l'effort le plus intense que j'ai eu à fournir mais je ne mets pas pied à terre. Je "gare" le vélo en haut et je gravis à pied les quelques mètres qui me séparent de la Cîme de la Bonnette (2860 m). La descente est grandiose sur une belle route. Le fond de vallée est un faux plat descendant (40 km sans un coup de pédale !). Saint-Sauveur-sur-Tinée est un peu glauque. Camping fermé et hôtel pourri à mon avis. Je me renseigne, il y a un camping à Valdeblore ...18h30, je m'engage quand même dans le Col de Saint-Martin. Je ne sais pas pourquoi, mais je survole littéralement la route. J'arrive à l'entrée de Valdeblore. Mais c'est Valdeblore (La Roche). Je regarde un point d'information et en fait, Valdeblore s'étend sur toute la montée du col ! Et bien sûr le camping se situe en haut, à Valdeblore (Saint Dalmas). Du coup, sur les prochains kilomètres, je survole beaucoup moins ;-) Quand je vous dis que tout est dans la tête !!!!
18 juillet 2014 : Valdeblore (Saint Dalmas) - Sospel
65,4 km, +1310 m, -2160 m
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Le profil du Col Saint-Martin depuis la D2205
Le profil du Col de Turini depuis la D2565
Après une assez bonne nuit au camping de La Ferme, c'est parti pour la fin du Col de Saint Martin. Le camping se situant sur les hauteurs de Valdeblore, il ne me reste plus que 5 km ! C'est une formalité. Je ne m'attarde pas au sommet, ce n'est pas très beau (Station béton). Dans la descente, je m'arrête à la boulangerie de Saint-Martin-Vésubie, petit village du Mercantour dans la vallée de la Vésubie, mais aussi "Station de Trail". Encore six ou sept kilomètres de descente et j'attaque le dernier grand col de ce voyage, le Col de Turini. L'été est bien là maintenant, il fait chaud ! Je fais le début de la montée avec un groupe de cyclos de la Drôme qui a un petit van pour assistance. Du coup, sur le bord de la route, ils me proposent aussi de l'eau (pétillante, plate, et même pluvérisée pour rafraîchir ; ils appellent ça du "phitox" (insecticide pour géner ceux qui sont devant eux et donc plus forts ... enfin ils me doublent quand même ...). Je les retrouve au sommet à la terrasse du resto pour un plat du jour. Là, j'appelle un hôtel à Sospel (avec piscine !) pour ce soir. Sorte de récompense après ce fabuleux périple sportif. Après une descente technique sur une route mal entretenue, j'arrive vers 14h à Sospel. Repos, étape du Tour de France, glace et piscine en slip. Plus qu'une petite journée demain.
19 juillet 2014 : Sospel - Nice
54,6 km, +940 m, -1260 m
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Le profil du Col de Castillon depuis Sospel
Dernière journée avec du temps pour en profiter. Petit déjeuner et dernier tour de Sospel avant d'attaquer le Col de Castillon de catégorie 3 avec six petits kilomètres ! Ensuite, c'est la descente vers Menton, très agréable, belle route, température idéale, pas un coup de pédales ! L'arrivée sur Menton est brutale avec des embouteillages ! Par contre, au bout de la route, v'est la mer. Baignade bien méritée. Je repars ensuite pour nice par la grande corniche en passant par la Turbie et le Col d'Eze. En cours de route, j'ai de belles vues sur Monaco. Je m'arrête à Eze Village pour déjeuner et rattrape la moyenne corniche pour rejoindre Nice. je parcours la promenade des Anglais (Tournois de Beach Volley, pétanque) en attendant l'heure du train et du retour sur Lyon.
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